Blog des Minimes – Toulouse

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Comment reconnaitre la volonté de Dieu dans ma vie ?

La volonté de Dieu…la volonté de l’homme : Quelle articulation ? Comment reconnaître la volonté de Dieu dans ma vie ?

Par le Diacre Jacques Kampetenga

Introduction

« Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », voilà ce que nous demandons à Dieu dans la prière que Jésus lui-même nous a enseignée.

Comment parler de la volonté de Dieu quand nous observons le monde qui nous entoure ? La une des journaux fait état de la pandémie du coronavirus, des oppressions, des guerres, du terrorisme : Irak, Syrie, Soudan, Afghanistan, RD Congo…la sécheresse et la famine au Sahel.

Image par _Marion de Pixabay

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Près de chez nous : des sans abris, des hommes et des femmes restent murés dans leur solitude, ressassent leur malheur et ne trouvent pas de sens à leur existence. Nous avons les exemples de ces hommes, ces femmes et ces enfants qui fuient leurs pays à la recherche d’un « bonheur » hypothétique…est-ce la volonté de Dieu ?

Mais reconnaissons que ce monde est aussi merveilleux. Des hommes et des femmes n’hésite pas à soulager celles et ceux qui souffrent et à panser leurs plaies. Des initiatives personnelles permettent la rencontre de frères ennemis, des voisins s’unissent pour lutter contre la pauvreté et l’isolement. Des migrants sont accueillis…Ici dans notre ensemble paroissial, nous venons en aide aux étudiants qui rencontrent des difficultés pendant cette période de crise. Alors, dans ce monde à la fois difficile et merveilleux, que signifie cette demande du Notre Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » ? Est-elle l’expression fataliste de la résignation, ou la prière fervente de celles et ceux qui espèrent et qui s’engagent car ils ont confiance en Dieu ?

Et pourtant quand on parle de la volonté de Dieu, il y a des pièges à éviter.

  1. Quelques pièges à éviter

1er piège : la confusion entre la volonté de Dieu et les jugements humains. Tout au long de l’histoire, les hommes se sont appropriés la « volonté de Dieu » pour justifier leur système religieux, moral ou politique. Nous sommes les bons, les autres sont les mauvais, nous détenons la « Vérité » et nous devons la faire découvrir aux autres, de force si nécessaire ! Quelques exemples : les croisades, l’Inquisition, les guerres de religion, les  persécutions… L’homme confond ses désirs, ses préjugés, ses ambitions avec la volonté de Dieu.

– 2ème piège : voir la volonté de Dieu dans tous les événements. Une autre manière de se tromper sur la volonté de Dieu, toute aussi dangereuse, c’est de rendre Dieu responsable de tous les événements, heureux et malheureux. Il y a la pandémie de coronavirus,  c’est Dieu qui l’a voulu, je trouve tout de suite une place pour garer ma voiture, c’est Dieu qui l’a voulu, et la mort d’un enfant, le tremblement de terre ? Si telle est la volonté de Dieu, alors, nous pouvons comprendre la révolte contre Dieu de ceux qui connaissent l’horreur de la guerre, le drame de la famine ou de la maladie. Cette conception de la volonté ne peut  conduire qu’à la résignation et au fatalisme.

3ème  piège : croire que la volonté de Dieu pour moi  est prévue et toute tracée de toute éternité. Et dans ce cas, ma tâche serait de chercher tout simplement à deviner ces volontés divines cachées pour m’y conformer. Quelle est la place de ma liberté ? Suis-je encore libre ?

Ces pièges cachent les fausses images que nous nous faisons de Dieu. En effet, Dieu, par le prophète Isaïe, nous a avertis : «… mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins… » (Isaïe 55,8). Nous faisons régulièrement l’expérience qu’il n’est pas toujours facile de discerner la volonté de Dieu. Si nous croyons que Dieu nous a placés à la croisée des chemins, en face de plusieurs directions dont une seule serait la bonne, sans nous donner les moyens de la reconnaître avec certitude, alors ce Dieu serait pervers.

Ce n’est pas le Dieu de l’Alliance auquel nous croyons qui est venu sauver ceux qui étaient perdus dont nous révèlent les Ecritures.

  • La volonté de Dieu dans la Bible
  1. Au cours de l’histoire d’Israël, Dieu révèle sa volonté. Il est résolu à libérer son peuple esclave en Egypte et le conduit jusqu’à la terre promise. Il donne un cadre à sa volonté par le Décalogue (les dix commandements) : sortir de cette loi conduit au péché donc à la « mort ».

Israël doit découvrir que Dieu veut, non pas la mort, mais la vie, non pas le malheur mais le bonheur. C’est que nous découvrons dans le livre de Deutéronome : « Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance… » (Deutéronome 30,19).

  • C’est la même idée que nous retrouvons dans le Nouveau Testament, la volonté du Père est « qu’ils aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance » (Jean 10,10). Ou encore « La volonté de mon Père c’est que je ne perde rien de ce qu’il m’a donné » (Jean 6,39-40). La volonté de Dieu est « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Timothée 2,4).

La volonté de Dieu, c’est l’homme vivant, heureux. Dieu veut que tous les hommes et toutes les femmes parviennent au bonheur et à la vie pleine et entière. Dieu a un dessein de salut pour l’humanité : « nous le savons, dit Saint Paul, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour ». (Romains 8,28)

  • Alors la question qui revient souvent : si Dieu veut le bonheur de tous les hommes, pourquoi n’use-t-il pas de sa puissance pour imposer au monde un ordre conforme à sa volonté ? Devant l’horreur de la guerre, la souffrance des victimes à travers le monde, la pandémie qui nous terrasse, nous entendons souvent ce cri : si Dieu est Dieu, comment peut-il tolérer de telles souffrances sans y mettre fin ?
  • La Bible nous révèle que Dieu n’impose pas sa volonté : il appelle l’homme à y adhérer librement.

Jésus souligne la liberté que Dieu donne à l’homme. Dans la parabole de l’enfant prodigue (Luc 15, 11-32) :

« Un homme avait deux fils ; le plus jeune dit à son père : « Mon père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir ». Et le père leur partagea son bien. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout ramassé, partit pour un pays éloigné où il dissipa son bien en vivant dans la débauche ».

Dieu respecte la liberté qu’il laisse à l’homme.  Nous le savons et nous en faisons l’expérience : l’homme fait parfois un mauvais usage de sa liberté ! Et l’histoire d’Adam et Eve, dans le livre de la Genèse, choisissant d’écouter la voix mensongère du serpent : « Vous serez comme des dieux », donc soumis à votre seule volonté, c’est l’histoire de chacun d’entre nous. Nous sommes solidairement responsables du désordre, de la violence et de l’injustice de ce monde. Nous avons notre part de responsabilité. L’histoire du fils prodigue, prenant sa part de bien et allant la dissiper loin du père, c’est bien notre histoire à nous, usant égoïstement de la Création, comme si elle nous appartenait en propre. Nous oublions qu’elle doit pourvoir aux besoins de l’humanité toute entière et que nous en sommes responsables devant Dieu.

A travers l’histoire du peuple élu (ses révoltes et ses refus) ; à travers l’histoire de l’Eglise (les défaillances des chrétiens) mais aussi à travers l’histoire du monde, nous pouvons constater que l’homme, nous pouvons être un obstacle à l’accomplissement de la volonté de Dieu.

  • Le Christ et la volonté de Dieu

La Bonne Nouvelle, c’est que Jésus- Christ est venu briser cette fatalité et a ouvert pour l’humanité un chemin et une espérance.

« Je suis descendu du ciel, dit Jésus, pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé… la volonté de mon Père, c’est que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle… ». (Jean 6, 38-40).

 Et Jésus voit dans cette volonté de Dieu, avant tout le signe de l’amour du Père pour lui et pour toute l’humanité. Il va le signifier par ses paroles et par ses actes.

Ainsi, Jésus invite les hommes à s’aimer les uns les autres ; et, en même temps, il manifeste l’amour de Dieu qui fait vivre, accueillant et guérissant les malades, nourrissant ceux qui ont faim, pardonnant aux pécheurs…Jésus manifeste à tous,  l’amour sans mesure dont Dieu aime ses enfants.

Et Jésus ira jusqu’au bout de cet amour  en acceptant de donner sa vie pour les pour notre salut : « non pas ce que, moi je veux, mais ce que toi, tu veux »(Marc 14,36) dira-t-il à son Père au jardin des oliviers à Gethsémani.

Alors, comment Jésus connaissait-il la volonté de son Père ? La réponse nous est donnée dans l’Evangile.

« Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait ». (Marc 1,35)ou encore « Quand il les eut congédiés, il s’en alla sur la montagne pour prier ». (Marc 6,46). C’est dans la prière, dans cette relation personnelle et intime avec son Père qu’il découvre sa volonté.

Donc pour Jésus, la volonté de Dieu n’est pas un code figé, établi une fois pour toutes, et qu’il n’y aurait qu’à l’appliquer exactement.

Pour Jésus, la volonté de Dieu n’est pas, non plus, un destin dont l’homme serait le jouet impuissant !

Jésus vit pleinement une double solidarité, avec Dieu et avec les hommes, et c’est cette double solidarité qui le conduit au don de lui-même.

  • Invitation à imiter Jésus

Lorsque le Christ nous dit de prier : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », il nous invite donc à nous engager sur la route qu’il nous a lui-même ouverte. “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie

Comme Jésus, chacun, chacune d’entre nous est appelé à refléter dans sa vie l’amour de Dieu, Notre Père.

Notre Dieu, le Dieu de Jésus-Christ n’est donc pas cet ordinateur surpuissant capable de programmer et de tenir en mémoire des milliards de destinées individuelles et qu’il nous faudrait interroger sur notre avenir. C’est l’Amour qui a pris le risque de nous appeler à la vie pour nous offrir l’alliance et la communion. C’est à ce visage de Dieu qu’il faut nous convertir pour pouvoir nous situer en vérité devant la volonté de Dieu.

Cette volonté n’est pas une fatalité, mais comme un appel à une création commune.

  • Pour une réponse libre : la réponse que nous allons donner à Dieu n’est inscrite nulle part dans le livre de vie. C’est la grandeur et le risque de nos vies d’être ainsi appelées à éveiller la joie de Dieu par la qualité et la générosité de notre réponse.
  • Pour conjuguer notre liberté et  la liberté de Dieu : Si Dieu a bien un désir sur nous, c’est d’abord celui de nous voir porter du fruit : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15,16). Le désir de Dieu, c’est de nous voir assumer pleinement notre liberté. Je reconnaîtrais que ma décision rejoint la volonté de Dieu, si je peux dire qu’elle me rend plus libre et plus cohérent.  

Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel !

Faire la volonté de Dieu, c’est ainsi répondre à un appel de Dieu à aimer nos frères et sœurs. Et Dieu est avec nous au travail et n’attend que notre adhésion pour réaliser cette volonté. Alors demandons-lui sans cesse : “Que ta volonté soit faite”.

Sources :

Dieu a-t-il une volonté particulière sur chacun de nous ? Michel Rondet, sj, Christus -n° 144, « Extraits de « vouloir ce que Dieu veut, la rencontre de deux désirs »

http://croire.com/Themes/Bible/Christ/Que-ton-Regne-vienne-!-Que-ta-volonte-soit-faite

Philippe Bacq, c’est la volonté de Dieu ! (pages 63-118), dans « Volonté de Dieu, liberté de l’homme, Presses de l’université Saint-Louis, Bruxelles, 1997

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